peinture par Anouk Grinberg

Peinture: Anouk Grinberg



UN RÉCIT DE
Maire Cosnay
Éditrice: "L'Ire des Marges"

MISE EN SCÈNE
Lise Avignon

MUSIQUE
Philippe Gelda


INTERPRÉTATION
Lise Avignon, Mathilde Ponsford, Philippe Gelda

ACCOMPAGNEMENT ARTISTIQUE & TECHNIQUE
Didier Roux

ACCOMPAGNEMENT CHORÉGRAPHIQUE
Loan Le Dinh

CHARGÉE DE PRODUCTION
Léa Cuny-Bret, en dialogue avec Lise Avignon


Le livre

En 2017, Marie Cosnay se trouve dans un jardin-refuge, sur les bords de l'Adour dans le Pays basque. En ce drôle de lieu d'hospitalité où se mêlent les langues et les récits d'exil, arrive Saâ, de Guinée. Mineur - isolé – étranger. Et avec lui paraît la question de la protection de l'enfance : après la traversée jusqu'en Europe, la route et ses innommables, vient une nouvelle bataille, celle de faire reconnaître sa minorité à l'administration française. Une bataille qui commence à l'intérieur du cerveau – même le prénom de la maman est oublié – qui se poursuit dans les aberrations administratives et les injonctions folles : il faudrait être clair avec son histoire.

Publié à l'origine sous forme de chroniques dans la section blog de Mediapart, ce récit participe d'un projet plus vaste, celui de documenter par la littérature l'exil vers l'Europe, d'en écrire une histoire orale :
tenir registre pour le futur. C'est là un récit-documentaire, écrit à la manière d'un conte dans une langue limpide bien que complexe, où la voix de l'autrice se fait porteuse de la multitude de voix entendues, de vies croisées.

Marie Cosnay parle en son nom. N'écrit pas « sur » les migrants mais « avec » et ses mots se mélangent aux paroles des autres qui sans cesse lui reviennent -
le désert c'est le pire horrible / tu sais je veux rester en France, une nouvelle aventure me commence / je suis en classe ce matin, je vais me concentrer sur la grammaire. Ecrit ce qu'elle dit à Saâ dans sa tête, le soir, ta mère, la grande mémoire qui a mangé le reste. Parle de l'intérieur de son expérience, entre la rage et le silence / je ne savais plus quoi faire du temps sur mes épaules / on a marché un peu, on a dit des générosités. Sans confusion, écrit le mélange de nous tous qui nous croisons, l'extrême porosité des êtres et des mémoires, défait le mot même de « migrants ». Les êtres se côtoient et ils ont chacun un prénom. Il y a des trajectoires, des expériences incomparables et pourtant parfaitement partageables. C'est ça, dit-elle, ça fait tourner la tête.


Intentions pour un spectacle

Ce serait un oratorio documentaire.
Trois au plateau, dont un pianiste. Corps et souffles engagés dans l'acte de dire, d'incarner non pas l'action ni ses protagonistes, mais la parole elle-même. L'adaptation du texte à la scène et la création de la musique se font en même temps : notre chemin, c'est de comprendre « comment dire » en trouvant quelle musique écrire, et vice versa.

A ce jour, on peut parler du motif du ressac, du rythme des vagues. Dire qu'on ne travaille pas sur des « top » mais sur une pulsation commune. Sur la métamorphose des thèmes musicaux, en lien avec l'écrit de Marie Cosnay, qui n'est pas fragmenté mais elliptique. Sur quelques réminiscences d'airs connus, et sur le répétitif, ce qui insiste.
Ce qui insiste et se répète, ici, est d'ordre tragique. On répète pour pas perdre le fil, pour être sûr de bien comprendre, de rien laisser passer. On insiste comme on proteste, comme on supplie.
Mais il y a autre chose, une autre aventure, qui est celle de la fraternité et du lien d'amour retrouvé. La surprise, alors qu'on accueille et qu'on aide des étrangers, de
retrouver ses esprits. Si l'on répète, c'est aussi comme pour un mantra, un rituel qui élève, prière ou danse d'enfants.

Il y a bien cette image de vestige d'un choeur tragique : deux coryphées et un musicien échoués mais tenant debout. Ramassant des bouts de planches, des restes de chantiers pour en faire une jetée, un refuge ouvert, sorte de seuil où se tenir et d'où voir venir. Sorte d'estrade, aussi, pour dire un bout de notre histoire actuelle et hisser les voiles.
C'est par cette place-là, de coryphées, par ce lien originel entre la musique et la tragédie qu'il me semble possible de s'adresser aux sens sans devenir indécents. Accéder à de la joie et qui sait, à de la beauté, sans quitter l'assignation au réel sans métaphore à laquelle nous sommes tenus.


Présentation de la Cie et / ou de l'équipe en travail

La cie Cristal Palace creuse une manière d'écrire au plateau et un art de l'acteur qui doivent au moins autant à la danse contemporaine, à la musique, à la performance et à la littérature qu'à l'art dramatique.
Lise Avignon, comédienne, metteuse en scène et pédagogue, en est la figure motrice. Cristal Palace, ainsi, c'est d'abord un corps, une voix et une pensée qui viennent de l'intérieur du plateau. S'ensuit une conscience aiguë de l'importance du corps à organes, le corps
pas nommé dont parle Novarina, et une méthode où travail à la table et expérimentations au plateau avancent conjointement. Un processus de création qui témoigne du refus, viscéral, de la soumission du vivant à un ordre productiviste, et tente de résister aux diverses pressions actuelles pour préserver le temps du rêve, l'intelligence organique, la possibilité de l'irrésolu et de la suspension des certitudes.
Le fil conducteur c'est le poétique, au sens étymologique du terme :
création, fabrication. La Cie défend la langue et la littérature comme terrain de jeu et de bouleversement. Elle place les liens entre chair, verbe et musique et la puissance d'évocation de l'acteur au cœur de ses créations, vers un théâtre où l'enfance et le merveilleux côtoient la part sombre, un théâtre capable de soigner, un espace laïque pour ce qui relève du sacré.


Partenaires / coproducteurs / soutiens

Partenaires : Théâtre du Pont Neuf ; La Gare Aux Artistes ; Théâtre Le Hangar ; Le Paradis, galerie verbale (Périgueux)




Marie Cosnay