G&G cie
théâtre1 semaine Du 23 au 28 juillet
Et à la fin, le héros meurt
Mise en scène, interprétation Kristen Annequin, Gaspard Chauvelot
Note d'intention
« Malheureux les pays qui ont besoin de héros. » Bertold Brecht, La Vie de Galilée
HEROS n.m. (gr. Hêrôs) 1. MYTH. GR. Demi-dieu ou grand homme divinisé. 2. Personnage légendaire à qui l'on prête des exploits extraordinaires.
Deux types assis à une table discutent de l'Iliade, d'Homère et de Spiderman.
Quelques Héros tentent de s'incarner, mais le justaucorps flashy est moins seyant sur une scène de théâtre que dans les cases d'une bande dessinée. Umberto Eco nous explique que la non-consumation de Superman en fait un modèle d’hétéro-direction, et on est contents pour lui. Batman en vient à penser que tout n'est pas à jeter dans le fascisme.
On se surprend à faire des prouesses, à effleurer l'exploit, avant de se ramasser, forcément. Quelqu'un récite des vers, « Chante, déesse, la colère d'Achille »... On essaie de voir comment ça ferait d'être surhumain, et on se demande qui est le plus rapide, entre Flash et Superman.
A la fin, le Héros meurt, parce que ça lui pendait au nez.
Tout a commencé avec Achille, Agamemnon et Ulysse. Des Héros armés de boucliers, êtres exceptionnellement puissants, intelligents ou charismatiques, soumis à la volonté des dieux.
Les choses ont, depuis, un peu bougé. Achille et son talon ont laissé la place à Superman et à la Kryptonite. Superpouvoirs, radiations extraterrestres, prouesses scientifiques, mutations génétiques et collants en lycra ont supplanté épée, bouclier, et faveurs de Zeus. On ne défend plus Troie, mais Métropolis, New York ou Gotham City... A part ces quelques détails, la mission du Héros reste, grosso modo, toujours la même. Il est là pour sauver le monde, ou au minimum, pour nous faire espérer que le monde peut être sauvé.
Seulement, le Héros appartient à un autre âge, une autre dimension. Troie est tombée il y a plusieurs millénaires, Gotham City et Metropolis ressemblent à New York, mais ne sont pas New York. Inscrire le Héros dans notre réalité ne pourrait qu'entamer sa grandeur : il ne peut pas, ne doit pas exister. Si l'Iliade rassemble autant de ces personnages légendaires, c'est n'est que pour mieux les y faire mourir, pour leur interdire de s'échapper des vers qui chantent leurs exploits. Mangés par les vers.
Et à la fin, le héros meurt raconte notre désir désespéré et dérisoire d'inviter le Héros dans notre existence.
La Compagnie
G&G Compagnie a été créée en 2011. Conjointement à des actions de formation auprès de publics amateurs, la compagnie développe des projets de création explorant les passerelles que peut entretenir la scène théâtrale avec des univers qui lui sont a priori étrangers. Leur premier spectacle, Je ne vais nulle part, d'après l'oeuvre poétique de Bob Dylan, a été créée en 2011 à la Cave Poésie de Toulouse, dans le cadre du Marathon des Mots, et continue d'être joué à Toulouse. La compagnie développe également, en ce moment, une adaptation théâtrale de l'album Murder Ballads de Nick Cave & The Bad Seeds.
Gaspard Chauvelot, comédien et metteur en scène, formé au Théâtre Le Hangar à Toulouse, a notamment joué dans Souvenir d'une bataille de chars, d'après Heiner Müller, sous la direction de Laurence Riout, avec la Compagnie Lohengrin. Il interprète et met en scène le spectacle Je ne vais nulle part, d'après l'oeuvre poétique de Bob Dylan.
Kristen Annequin, plasticien, musicien et comédien, formé lui aussi au Hangar, fait actuellement partie du duo de musique théâtralisée Flying Sapins.