Petit Bois Cie
théâtre3 semaines Du 17 au 21 octobre et du 5 au 16 décembre
Quel petit vélo...?
d'après Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour? de Georges Perec
Mise en scène Jean-Jacques Mateu
Avec Benjamin Hubert, Simon Giesbert, Damien Vigouroux
Lumière Mathilde Montrignac
Son Bernard Lévejac
Costumes Sabine Tarran
Production Petit Bois Cie
Note d'intention
Ce livre me suit depuis l’adolescence, il fait partie de ceux qui m'ont permis d’aborder la littérature par la bande, de manière amusante, avec fantaisie … D’aborder aussi un pan de notre histoire. Je me souviens que ces œuvres amies ne figuraient jamais dans les programmes de lettres de ma génération. Tout récemment, j’ai redécouvert ce Petit Vélo et j’ai éprouvé cette fois le plaisir de le lire à voix haute, le plaisir de l’entendre, le plaisir d’en savourer l’invention, les jeux d’écriture, de sons et de sens. Comme une chanson ou une mélodie qui revenait soudain, depuis longtemps enfouie. Deux plans indissociables à traiter dans ce projet. La cristallisation d’une opposition et d’une désobéissance pour le fond, avec l’aveu d’une peur, celle du combat, celle de faire mal, celle de se faire mal, même pour la bonne cause. Et l’affirmation revendiquée du plaisir de l’invention pour la forme, invention littéraire pour l’auteur, invention scénique et sonore pour le metteur en scène. La forme tout d’abord, elle est la première donnée, visible dès les premières lignes : «C’était un mec, il s’appelait Karamanlis, ou quelque chose comme ça : Karawo ? Karawash ? Karacouvé ? Karatruc. En tout cas un nom peu banal, un nom qui vous disait quelques chose, qu’on oubliait pas facilement.» On y dénote tout de suite trois choses : le récit, le masculin, et surtout le sens du paradoxe. Paradoxe entre le « peu banal dont on se souvient » et l’impossibilité même de l’écrire. Paradoxes et autres figures stylistiques nous accompagnent ainsi tout le long du récit. Un récit épique mais détourné, contourné, pastiché et parodié, où le héros n’aurait pas de nom, à la manière d’un Ulysse. Héros non représenté de surcroît. On songe aussi très vite au Schvéïk de Hasek, emblème banal de l’absurde de la première guerre, ainsi qu’à la reprise de Brecht pour traiter de la seconde. Notre « Karamachin » serait-il le symbole absurde de cette autre guerre-là, celle qui n'avait pas de nom. Nous donc aborderons le plateau comme le lieu d'un détournement des formes artistiques majeures, le lieu parodique d’un théâtre épique, le lieu d'un jeu avec les grands monologues, les grands récits du tragique grec ou de l’historique élisabéthain. Le fond maintenant : le texte nous ramène aux années des "évènements", années qui me sont fondatrices. Perec les aborde avec une problématique de son temps et de sa génération, celle de l’incorporation des appelés et de la désobéissance. (1% des appelés désobéissants ou réfractaires, par insoumission, désertion, ou objection). Le texte, dont la métaphore populaire du p’tit vélo nous renvoie à une originalité aux limites de la folie, nous renvoie à nos premiers sentiments politiques, nos premières oppositions aux systèmes, épisodes majeurs de notre adolescence et fondateurs de notre individualité. Mais ce Petit Vélo aborde aussi l’amitié, la solidarité, la fraternité et l’esprit collectif, ambitions ou utopies de la jeunesse, surtout en cette époque de fin de gaullisme et qui allait aboutir à une explosion générationnelle. Les acteurs/personnages de ce chœur seront donc jeunes. Individualisés mais aussi fédérés. Tout aussi égoïstes et lâches qu'héroïques, tout aussi désinvoltes que graves, flottants et frondeurs. Impertinents. Mais encore empesés, à mi-chemin entre la politesse «vieux style» et l'effronterie «nouvelle vague». La scénographie jouera à détourner les références aux esthétiques épiques : cadrages héroïques, postures chevaleresque, poses tragiques. A détourner aussi le dramatique, l'intériorisation, l'identification… Les choix visuels et sonores nous emmèneront dans un univers proches du texte, à mi-chemin entre la vielle opérette française et la naissance d'un nouveau cinéma, le vieux comique troupier et les nouveaux sons des caves de Saint Germain et de Montparnasse, enfumées et alcoolisées.
La Compagnie
Jean-Jacques Mateu fonde Petit Bois Cie en octobre 95 à Toulouse. Petit Bois Cie est vite “repérée” pour son travail sur le répertoire contemporain et les “poètes politiques” tels Eugène Durif ou Edward Bond. Il fait découvrir au public toulousain Ödön von Horváth en 1996 et Nikolaï Erdman en 2005. Quelques écarts loin de ce répertoire avec Les Morts Joviaux, cabaret macabre, La Fête du cordonnier, fantaisie comique élisabéthaine. Depuis sa création Petit Bois Cie a noué en région des partenariats réguliers avec la Digue, le CDN et le Théâtre National à Toulouse, la Scène Nationale/Foix Circuits/Auch ou l’Espace Apollo/Mazamet. Depuis 2010 Petit Bois est associée à la Ville de Cugnaux (formation, actions diverses, parcours école, collège et lycée, répétitions et création). A Toulouse Petit Bois a joué dans les lieux les plus variés : Cave Poésie, TNT, MJC Roguet, la Digue, le Grand Rond, le Sorano, la Chapelle Casanova. Outre ses créations, Petit Bois Cie réalise de nombreuses actions de sensibilisation ou de transmission : Enseignement Théâtre en lycée, ateliers en lycées, collèges et primaires, parcours avec des scolaires ou amateurs.
Partenaires
Région Midi-Pyrénées, en cours Ville de Toulouse, en cours Ville de Cugnaux, en cours