Le Documentaire Poétique Gérontologique
Théâtre / Documentaire

Cie Les AphElliptiques
Initiatrices et interprètes Clarisse Grandsire et Charlotte Piarulli

photo evenement facebook DPG



"La relation avec l'autre n'est pas une idyllique et harmonieuse relation de communion, ni une sympathie par laquelle nous mettant à sa place, nous le reconnaissons comme semblable à nous, mais extérieur à nous ; la relation avec l'Autre est une relation avec un Mystère"

Lévinas, Le Temps et l'Autre

Le Documentaire Poétique Gérontologique est une tentative d'extraire un objet poétique d'un lieu connu pour être clos sur lui même : l'EHPAD (Établissement d'Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes), plus connu sous le nom générique de Maison de Retraite.
En ce lieu, la « Retraite », sous de nombreux aspects (physiques, pathologiques, émotionnels, mais aussi juridiques, sociaux..) est effectivement consumée. La Maison a ses lois, sa logique, son rythme, qui rompt de manière assez brutale avec le quotidien d'une personne autonome. Pour ses nouveaux résidents, qui doivent faire avec cette rupture, qui quittent leur maison, leurs habitudes, leur autonomie, pour composer avec ce nouvel espace, le choc équivaut souvent à une cassure. Et c'est un peu alors comme s'il fallait à tout prix retrouver, au moins mentalement, un endroit d'autonomie, personnel, singulier.

C'est cet endroit là, qui souvent équivaut à un endroit de parole, à un savant mélange de fantasmes et de souvenirs, autant de tentatives de dire au mieux la singularité d'un rapport trouble au monde, que nous nous sommes proposées de recueillir au sein d'un EHPAD.
Nous avons passé un an au Bois Vert, EHPAD situé dans le quartier de Lardennes. Pendant un an, nous avons évolué au milieu 90 résidents, deux équipes de soignants aux rôles multiples, dans un établissement dans lequel une aile, plus difficile d'accès encore que le reste du lieu, était consacrée aux personnes « dangereuses pour elles mêmes et pour les autres ». Nous étions équipées de cahiers, stylos et feutres, d'appareils photos, de caméras et de dictaphone et avons tenté de ce que nous voyions, de ce que nous entendions, de ce qu'on voulait bien nous confier, cela en essayant de ne jamais laisser la place à tout ce que nous présupposions de la vieillesse avant d'y entrer.

L'enjeu que nous nous sommes fixées, au sortir de cette expérience, était de porter un objet artistique scénique issu directement de tous les univers singuliers que nous rencontré. Sans essayer de les comprendre ou de les tordre pour les faire correspondre à la scène, à nos clichés, à nos conscience, au « correct ». Mais sur scène, chercher à laisser ces expériences dans l'état de leurs apparitions.