Laurence Riout
Pas une lumière ne me consola (autoportrait en couple)
En résidence du 4 au 27 octobre 2017 / du 13 au 30 novembre 2017 / du 1er au 4 février 2018
De et avec Loan Le Dinh, Guillaume Buffard
Mise en scène Laurence Riout
Entrée dans la matière
"J'évoquerai pour commencer, parce ce que c'est avec eux et à partir d'eux que le projet de ce spectacle prend corps, ma rencontre avec les interprètes Loan Le Dinh et Guillaume Buffard. Loan vient de la danse, Guillaume vient du cirque. Nos chemins se sont croisés dans le cadre d'un stage de formation professionnelle pour comédiens que je dirigeais il y a peu.
C'est donc en premier lieu l'histoire d'une metteur en scène qui dans le cadre d'un atelier de travail laboratoire croise le chemin d'une danseuse et d'un circassien. C'est, à partir de là, l'histoire d'un exercice d'improvisation qui devient, contre toute attente, le point de départ, d'impulsion et d'élan vers l'écriture d'un spectacle. Et j'insisterai sur ce point : la matière première de « pas une lumière ne me consola » n'est ni un texte, ni une idée thématique ni un vouloir dire. C'est une écriture improvisée, portée par Loan et Guillaume à partir de consignes spécifiques, qui est le moteur du projet.
On peut dire que c'est la scène même qui nous a donné le motif à reprendre et à développer. L'improvisation matrice et motrice, je la nomme « premier mouvement ». Pour se « lancer », chacun des acteurs avait à sa disposition une série d'actions limitée (des « ingrédients »), une série d'actions à faire jouer ensemble et entre elles dans une logique musicale et chorégraphique. À la comédienne, je donnai un court mouvement dansée pré-écrit et deux poèmes à dire extraits du livret de Le chant de la terre, la symphonie de Gustav Malher. Au comédien revenait l'action de « s'affairer », comme un régisseur de plateau.
Avec ces ingrédients, les acteurs ont pris le plateau sans idée préconçue, comme deux musiciens auxquels on donnerait trois notes à partir desquelles inventer ensemble dans l'instant un morceau possible. À l'improvisation, je participai par l'envoi périodiques de musiques classiques aux énergies différenciées. Ce qui devait durer quelques minutes s'est mué en une improvisation d'une heure, dans laquelle les acteurs ont généré un véritable duo, composition intensive aux accents burlesques et lyriques entre une comédienne danseuse parlant le monde la nature et l'amour et un burlesque amoureux entraîné dans son sillage.
À la fin, je leur dis qu'ils venaient d'improviser les bases d'un spectacle que je voudrais faire, un spectacle en forme d'impromptu, comme on nomme en musique cette petite composition instrumentale de forme libre, soi-disant composée, à l'improviste."
L. Riout