Cie L'Enclos


J'ai 17 ans pour toujours



En résidence du 19 au 22 mai



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L'équipe


Mise en scène & jeu : Mariana Georgieva - Sandra wichurski
Composition musicale : Benjamin Loisel, Guillaume Mahenc, Arthur Vadé
Vidéo & montage : Mathilde Foriel Destezet

Le texte


Dans le nord de la France, sur un toit, tournées vers la mer qui cache l'inconnu, deux filles créent une multitude de vies possibles, interrogent la réalité, détruisent des schémas préconçues. Les personnages de Stella et Adèle sont plus que deux amies en attente de vivre leurs propres expériences en comptant les fenêtres allumées de l'immeuble d'en face.

Stella habite avec son père après le décès de sa mère. En conflit avec lui à cause du fait qu'il a abandonné sa famille des années auparavant, elle s'enfuit sur le toit de l'immeuble pour attendre le moment où ''quelque chose va enfin se passer''. Adèle, portant sur son bras l'image de tous les coeurs qu'elle a brisés, est enceinte et attend des nouvelles de son amoureux depuis des semaines. Les deux adolescentes se retrouvent au bord du vide, coincées entre la stagnation et les choix impossibles.

Nous nous approprions leurs figures afin d'explorer ce passage délicat de l'innocence vers la ''maturité'', c'est à dire, le chemin tumultueux des remises en question, des doutes, des peines d'amour et, ensuite, de la patience, du deuil, et de la maternité.

Notre projet fusionne de multiples partitions scéniques, visuelles et sonores, afin de sculpter un espace d'écluse vers le chemin de l'indépendance. Nous souhaitons garder une note d'humour et de dérision sur les figures de Stella et Adèle.





L'auteur


Jacques Descorde est auteur, metteur en scène et comédien français. En 1989 il crée, avec l’auteure Emmanuelle Marie, la compagnie et le théâtre des Docks à Boulogne sur Mer.

Ses pièces s’inspirent et s’approprient le langage et l’écriture de plusieurs populations en situation d’une certaine marginalité: des personnes en réinsertion ("En live‘‘, 2005), des entretiens réalisés sur les souvenirs d’enfance ("Kid-âme", 2006), des témoignages d’adolescents qui donnent naissance à un livret d’opéra ("Et nous le monde‘‘, 2010).

Le thème de l’adolescence revient souvent dans ses textes ("Maman dans le vent‘‘, "Le mouchoir‘‘) par son désir d’explorer cette "phase sensible " de la construction de la personnalité de chacun :
"ces enfants-là, malgré le chaos familial, restent toujours déterminés, libres et forts, plus forts que ces adultes, incapables, eux, de donner l’essentiel : de l’amour et de la douceur.“

Extraits


Adèle

« Qu'est-ce qu'on va faire de toi? Elle a répété ça en me giflant une dernière fois. Ne t'inquiète pas. Ne t’inquiète surtout pas maman. Dans 15 ans je serai comme toi vieille et laide maman et je vivrai seule comme une conne avec mes 5 enfants. Ne t'inquiète pas. Oui seule parce que le père lui il se sera cassé avec une autre. Un dimanche de fêtes des Mères. Et je ne pourrai jamais joindre les deux bouts parce que je trouverai jamais de travail vu que je ne saurai rien faire comme tu me le dis si souvent maman et que les allocs ça suffira pas. Alors je croulerai sous les dettes et ma vie sera un enfer et je vieillirai prématurément et à 35 ans j'en ferai putain au moins 60 maman. Voilà ce que je ferai de moi de ma vie maman. Alors tu vois il faut pas s'inquiéter. Surtout pas pour moi. Hein maman? Tu es contente? Dis tu es contente pour moi? Maman? »



Stella

« Chaque fois que je cours je rentre en dedans de moi et je file vers l’instant temps. L’instant T. Chaque fois que les visages des joggeurs me donnent un peu de leur souffle et je frappe fort le bitume à rebours et je remonte d’une minute d’une heure d’un jour le temps et je file vers l’instant T de l’incendie. Chaque fois dans le bruit de mon souffle je croise les visages des joggeurs et je fonce vers l’instant T de l’incendie et je rentre en dedans de moi et je frappe plus fort encore le bitume et mes poumons s’enflamment et je fonce vers l’instant T de l’incendie de mon amour l’instant T du premier incendie dedans mon corps de mon amour l’instant T et je sais qu’un jour dans le parc en face du bâtiment B je serai à un pas, à un pouce , à une heure une seconde de l’instant T du premier incendie dedans le corps de mon amour. »



Notre vision


Par le rythme du jeu, l'humour, et, surtout, l'utilisation de la vidéo, nous rêvons d'une forme scénique qui exploite les désirs : l'émancipation du carcan familial et de la dépendance amoureuse, la volonté acharnée de se redéfinir en dehors des cadres imposés par son milieu social.

Nous souhaitons à la fois la poésie du visuel (création lumière épurée et directionnelle, vidéo de vues subjectives réalisée par Hee-Jin Kim, scénographie minimaliste). Mais aussi le prosaïque (le jeu formel, l'humour, la mise à distance) afin de rechercher l'espace de remise en question des conventions.

Le son de ''J'ai 17 ans pour toujours'', fruit de la force créatrice des compositeurs Raji Elmasri, Guillaume Mahenc et du rappeur Arthur Vadé et de sons d'ambiance enregistrés par Hee-Jin Kim, est à la fois un support immersif pour nous amener à cet endroit d'entre deux du toit, l'endroit du danger, à la lisière entre l'équilibre et le vide, et nous plonger dans le quotidien des deux adolescentes nourri par les réseaux sociaux et la communication en ligne.


Cie L'Enclos ou le désir de connaitre l'autre


L'Autre? Celui qui est distinct. Celui qui est habillé différemment, celui qui parle différemment, celui qui habite non pas dans une maison mais dans un HLM. Celui n'habite non pas dans un HLM mais à la campagne. Celui qui a une histoire différente. Qui a beaucoup à dire, peut être la même chose que nous, mais qui l'exprime différemment. Celui qui nous complète, qui nous secoue, qui nous anime. Celui avec lequel on avance sur le même chemin. Différemment.

L'Enclos est d'abord un espace né d'une rencontre. Un espace dessiné par deux chemins artistiques, le désir de s'approprier et de tisser ensemble un univers destiné à interroger, à explorer des problématiques propres à notre réalité. La compagnie L'Enclos défend entièrement la création scénique contemporaine qui ouvre un espace de partage et de complicité avec son public. A l'origine de ce projet, deux piliers, deux visions artistiques: celle d'une comédienne, Sandra Wichurski et celle d'une metteure en scène, Mariana Georgieva, qui se rejoignent, par une nécessité ardente d'engagement citoyen et par voracité pour un théâtre destiné à tout type de public, au delà des limites générationnelles et des différentes populations. Nos chemins ont tracé un espace scénique clos, chargé par nos deux énergies complémentaires, un plateau animé par nos deux univers de femmes créatrices, qui tend l'ouverture vers la remise en cause de certains schémas encrés dans notre corps citoyen commun. La compagnie L'Enclos s'intéresse donc à des problématiques sociétales universelles afin de rassembler, d'unir, de créer la possibilité de multiples rencontres.