Jeu et théories du duende : fouilles

Anne Violet (comédienne) et Philippe Gelda (piano)

Genre : théâtre et musique

Riding with death


«  Pour chercher le duende, il n'existe ni carte ni ascèse. On sait seulement qu'il brûle le sang comme une pommade d'éclats de verre, qu'il épuise, qu'il rejette toute la douce géométrie apprise(...)  »

«  L'ange et la muse viennent du dehors  ; l'ange donne des lumières et la muse des formes.(...) En revanche, le duende, il faut le réveiller dans les dernières demeures du sang.  »




En 1933 et 1934, Federico Garcia Lorca prononce sa conférence Jeu et théorie du duende à Buenos Aires. En tentant de dire l'essence de son pays, il s'arrête sur ce mot souvent utilisé en Andalousie pour parler du charme mystérieux du flamenco  : le duende  . Dans le dictionnaire le duende peut être un esprit follet qui vient troubler certaines maisons et qui est représenté dans les contes populaires sous les traits d'un enfant ou d'un vieillard. Il peut aussi être un chardon très sec et épineux d'Andalousie. Ce mot aux plusieurs acceptions ne se cantonne donc pas à une seule définition et il ne peut se traduire en français. Il dénomme pourtant quelque chose de sensible.
Pour le «  montrer  », le poète échafaude une «  théorie générale de l'art qui distingue trois types de moteurs pour la création  : l'ange, la muse et le duende, qui passe par le sang et le corps.  »

Nous avons pris connaissance de ce texte dans son édition bilingue et cela nous donne le désir de travailler dans un va-et-vient entre la langue maternelle de l'auteur et la nôtre.
Ce texte inspire chacun de nous, pianiste et comédienne.


«  Nous le prendrons comme une banderille, un truc qui vient nous piquer et titiller des choses comme le rapport à la création, à la mort, (à la mise à mort  ?). On se met dans l'arène avec les mots de ce poète et ceux qu'il y a autour, avec nos «  arts  » respectifs et on voit ce qui peut sortir de singulier de cette rencontre. De cette forme initiale d'une conférence donnée par Lorca, quelle-s forme-s peut-on voir émerger  ?  »



«  Souvent le duende du musicien se transmet au duende de l'interprète, et d'autres fois, quand le musicien ou le poète n'en sont pas, le duende de l'interprète, et c'est là quelque chose d'intéressant, crée une nouvelle merveille qui a en apparence, seulement, la forme primitive.  »