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Il s’agira d’un temps de recherche très libre.


Il y a plusieurs idées qui me trottent et je voudrais m’offrir – et c’est un luxe de nos temps - de les mettre un peu à l’épreuve du plateau ; il y a des interrogations pas très ordonnées que je ressasse et qui demandent le concours de quelques comédien-nes pour les triturer un peu.

Par exemple, le jeu de comédien reste un question pour moi. Comment le creuser, comment être perméable aux évolutions et pas aux effets de mode, comment continuer à affirmer qu’une des solutions du théâtre est dans le jeu du comédien. L’envie de continuer à explorer ce continent, à faire confiance à cet art là pour donner à entendre, à voir, à imaginer. Bien sur, le terme « jeu » est bien flou, et le préciser sera d’ailleurs un des enjeux de la résidence. Mais c’est également un terme assez joli.
La question du récit est également présente et l’envie, après m’en être considérablement éloigné, de revenir vers lui, vers cette idée que le théâtre raconte des histoires. En prenant en bagage tout ce que le travail du fragment – aujourd’hui suffisamment digéré il me semble pour que nous en usions sans trop d’inquiétude – à pu amener, comment désormais raconter. Et, éternelle question, que raconter.

Et bien sûr, le choeur. Base du théâtre antique, reflet de la société, il explose le budget de toute production. Difficile de penser avec, impossible de penser sans. Car il est à mes yeux un des liens qui tien le théâtre au populaire, un garde-fou, une colonne vertébrale lui permettant de tenir droit contre l’embourgeoisement. Pas suffisant, mais nécessaire.
Peut-on redonner du choeur à des spectacles de modeste production ? Probablement non dans le système actuel.
Doit on engager réflexions et actions visant à entamer cette affirmation ? Probablement que oui, et de façon urgente !

Et puis il y aura des mots qui nous accompagneront. Là aussi, ce sera un moment de mélange, un peu comme les livres qui s’entassent sur ma table de travail, sans véritable logique, mais sans vrai hasard non plus. S’il faut citer, je dirais Antoine Boute, Edgar Lee Masters, Virginia Woolf, Laurent Danon Boileau, David Graeber, Vinciane Despret. Et d’autres sans doute…


Ce ne sont pas des temps très simple pour le vivant.

Cette pensée m’accompagne presque chaque jour, parfois légèrement, parfois non. Parfois présente au point parfois d’empêcher de penser, d’empêcher de désirer.
Et puis, dans un livre qui n’as rien à voir avec le théâtre, je lis ce passage où l’auteur se demande comment Cyrano de Bergerac, cet épris de liberté au-delà de tout, a réussit dans sa jeunesse à apprendre le maniement de l’épée, a réussit à passer à travers les obligatoires et peu excitantes répétitions de gestes et de postures.

Et si l’auteur ne donne pas de réponse à cette question, il postule que quelqu’un (mère , Père , Maitre d’arme?) lui aura donné un secret , «
 un de ceux qu’on apprends jamais à l’école :

- il faut d’abord chercher le désir brulant sans lequel il ne se passe rien
- il faut toujours viser la lune
- il faut aussi trouver la manière de goûter chaque pas qui nous en approche
- il faut aimer cette incertitude à laquelle nous condamne notre cerveau (…) »

Une façon de tenir bon dans la caverne…