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COMÉDIEN.NES
SCARLETT AUDRY, JÉRÔME DE LA BERNARDIE, LOAN LEDINH, MARION MÉRIC

MISE EN SCÈNE
MARION MÉRIC

REGARDS EXTÉRIEURS
ISABELLE FRANCOZ, LAURENCE RIOUT

CRÉATION LUMIÈRE
MATHILDE MONTRIGNAC




Résumé


Étiage (nom masculin): baisse périodique des eaux, niveau le plus bas.

Quatre êtres s'organisent dans l'ombre pour faire briller leurs larmes pour un monde qui s'assèche.
Dans un théâtre gestuel et sonore, ils viennent dérouler leur cérémonie comme une partition pour recomposer eux-même les rituels de notre époque. Dans la musicalité de leurs mots, ils réécrivent les mantras. Par l'engagement de leurs corps, ils sacrifient leurs ressources pour en retrouver l'essence. Avec la complicité de leurs accessoires de plastique et de métal, ils deviennent les petites mains d’une célébration menée dans l'excitation d’un jeu d'enfant. A bout de souffle ou avec fulgurances de folies, les textes deviennent matière au même titre que leurs offrandes. Comme certains pourraient jouer avec le feu ils jouent avec les larmes, au risque de se noyer dans un raz-de-marée....


ILLIC SEDIMUS ET FLEVIMUS : LÀ, NOUS ÉTIONS ASSISES, ET NOUS PLEURIONS



Note d'intention



Au début était une performance dans la rue, «une récolte de larmes sur place public ». Une équipe silencieuse coupe des oignons sur une grande table et, munie de récipients, elle collecte ses propres larmes. Cette représentation a donné naissance à l’image absurde d’un désespoir collectif.

Jusqu’où faut-il aller pour s’émouvoir collectivement ? Nos larmes sont-elles vaines dans le fracas du monde ?
Un sentiment d’inertie émotionnelle et collective nous traverse. Face à ce sentiment, les traditions de pleureuses autrefois utilisées pour les cérémonies funéraires pourraient refaire surface. Créant ainsi l’urgence d’un appel aux larmes, un appel à ces eaux lacrymales qui cohabitent avec l’humanité depuis le début de son évolution.
Dans une ère teintée d’injonctions au bonheur, peut-être est-il nécessaire de redonner une place aux pleurs, aux malheurs, voir à l’indignation. Nous choisissons ainsi de porter un autre regard sur la mécanique des larmes et des fonctionnements de notre métabolisme dans la société.
Mais de quoi pleure-t-on ? Les symboles sont souvent ce qui suscite les plus grandes émotions collectives. Alors que de nombreuses images ou informations dramatiques viennent donner chaque jour des raisons supplémentaires de s’émouvoir, de s’indigner ou de se révolter, l’impression d’une société anesthésiée existe. Nous nous emparons ainsi des symboles qui ont construit notre culture, pour convoquer le sensationnel et le drame dans une farce obscure.
Le temps passe sur nos sociétés, les repères se délitent, certains parlent d’un effondrement, et des éléments concrets nous rappellent chaque jour l’impact auto-destructeur de l’humain. Alors si les pleureuses devaient ressurgir aujourd’hui, peut-on imaginer une cérémonie pour tous les drames de notre société, comme une sorte de rituel cathartique universel, ou de cauchemard absurde ?


LE SEL EST NÉCESSAIRE À UN ORGANISME QUI A ÉTÉ FAIT DANS LA MER, PAR LA MER : QUI Y A TROUVÉ LA MATIÈRE PREMIÈRE MÊME DE SA CONSTITUTION. CETTE EAU SALÉE DANS LAQUELLE NOUS BAIGNONS CONSTITUE LES 7 DIXIÈMES DE NOTRE ORGANISME, ENCAPSULÉE DANS NOS TISSUS. L'EAU SALÉE QUI COULE DANS NOS VEINES N'EST QUE LA RÉMANENCE CONCRÈTE DE L'EAU DE MER DES OCÉANS PRIMORDIAUX, CETTE EAU QUI CONSTITUAIT NOTRE ÉLÉMENT ORIGINEL, AMNIOTIQUE, CONSTITUTIF. (...) CECI EST PLUS CLAIR ENCORE LORSQUE L'ON SE SOUVIENT QUE, PARMI NOS ANCÊTRES DIRECTS, LE "PREMIER" ANIMAL VIVANT DANS LA MER ÉTAIT UNE ÉPONGE.


BAPTISTE MORIZOT, MANIÈRE D’ÊTRE VIVANT.


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