Cie ERANOS

LAPSE_RELAPS(e)


En résidence du 17 au 21 février et du 31 mars au 4 avril 2021


portrait

Conception, réalisation et interprétation : Florian Paichard

Partenaires :
Atelier de céramique Ismaël Carré & Sandrine Tortikian (Toulouse), Atelier de décoration du Myriapode (Toulouse), Printemps de Septembre (Toulouse), Théâtre du Hangar (Toulouse)

 

Note d'intention


Comment transmettre et partager le patrimoine matériel et immatériel ancien ? Au delà de sa valeur culturelle, qu’a t’il à nous apprendre? Que nous dit-il de ce que nous sommes aujourd’hui et pourrions être demain? En tant que musicien initialement spécialisé dans les musiques anciennes, ces problématiques m’accompagnent depuis longtemps dans ma pratique artistique et m’ont amené à penser qu’une civilisation déconnectée de sa culture ancienne perdrait inéluctablement de sa faculté à se projeter dans un avenir pérenne.
Notre société réhabilite peu à peu le long millénaire médiéval, et ses subtilités et nuances imperceptibles aux yeux de l’ « Homme » du 21ème siècle forgé sur les valeurs et les idées des Lumières. Je crois que la période médiévale nous en offre de nouvelles toutes aussi pertinentes et à propos pour le siècle et les enjeux que nous vivons.

Marguerite Porete (v1250-1310) est l’une de ces figures ressurgies d’un passé lointain au moment où la nécessité se fait sentir de trouver de nouveaux « ancien.ne.s », de nouvelles vies et de nouvelles oeuvres inspirantes, en somme de nouvelles références. Elle représente pour moi, une montagne de mystères et l’incarnation d’une puissance de pensée et de détermination fascinante et hors du commun. Loin du cliché de la mystique ingénue ravie en extase, Marguerite Porete pensa un rapport à Dieu (Amour) et au quotidien, comme une alternative à la rigueur de la vie, bousculant ainsi l’ordre établi et rigide de la société en ce début de 14ème siècle. Elle l’écrivit dans son Miroir et l’assuma au prix de sa vie.
C’est Björn Schmelzer, qui dirige l’ensemble flamand Graindelavoix, qui m’a parlé de Marguerite Porete pour la première fois en 2016, alors que j’étais en résidence à l’Abbaye de Royaumont. Je n’ai jamais cessé depuis de chercher à en savoir plus sur elle et son ouvrage. Ils m’accompagnent désormais quotidiennement et inspirent ma vie tant personnelle qu’artistique.


« LAPSE_RELAPS(e) est le premier projet solo que je présente. Il est le fruit d’une profonde volonté d’interpréter et traduire les signifiants et signifiés anciens en langages contemporains, l’indicible en son, l’inintelligible en sensible, celle de s’approprier un autre patrimoine et de travailler sur une langue qui est la nôtre et qui ne l’est pourtant plus.
J’envisage ce projet comme un véritable laboratoire d’exploration graphique, sonore et vocale ; une forme d’anthropologie en acte, à mi-chemin entre performance contemporaine et installation artistique.
Qui plus est, avec ce travail, c’est l’occasion pour moi de rendre hommage à l’intelligence et à l’audace d’une pensée dissidente et invisibilisée parce que produite par une femme, laïque, célibataire et revendicatrice qui contesta un système crispé et imposé par le dogme catholique à la fin du Moyen-Âge. Force est de constater que, malgré les sept siècles qui nous séparent, les problématiques et symboles que soulevaient Marguerite Porete semblent, encore aujourd’hui, bien présents et que la réhabilitation d’une « autre » Histoire parait indispensable pour construire un avenir plus équilibré : c’est dans cette démarche que s’inscrit ce projet
LAPSE_RELAPS(e). »

Florian Paichard



Présentation de la compagnie


Florian Paichard a étudié le chant lyrique en tant que contreténor à l’École Normale de Musique de Paris et la musique ancienne au CRR de Toulouse puis au CRR de Paris d’où il est sorti diplômé en 2015. En parallèle de son cursus, ses rencontres au cours de masterclasses avec Robert Expert, Gérard Lesne et Damien Guillon ont complété sa formation.
C’est en s’initiant au chant byzantin et grégorien avec Frédéric Tavernier Vellas qu’il découvre les musiques médiévales et multiplie masterclasses et stages avec les ensembles Organum (Marcel Pérès) et Graindelavoix (avec Björn Schmelzer à la Fondation Royaumont dont il est lauréat en 2016).
Ces rencontres déterminantes l’amènent à approfondir sa connaissance des musiques médiévales et de la Renaissance, et des différents types de vocalités, en travaillant à une véritable « anthropologie de la voix ». Il crée dans cette démarche en 2017 à Toulouse le collectif de la Mandorle avec lequel il propose différents formats de concerts sur les musiques anciennes en médiathèque en Haute-Garonne et dans des lieux peu familiers du répertoire ancien (IPN, Sainte Dynamo à Toulouse), tout en poursuivant et en développant ses recherches dans la musique Baroque avec l’ensemble Momentum. En parallèle, dans une approche contemporaine de la voix, il expérimente au cours d'ateliers et de stages avec Phil Minton et Claire Bergerault le vocalisme et l’improvisation libre.
En complément des concerts de répertoire avec la compagnie ERANOS qu’il a co-créee, il prépare, en plus de LAPSE_RELAPS(e), un grand triptyque pluridisciplinaire intitulé HARO! autour du parallèle entre contremusique et contestation au 14ème siècle en Occitanie. Un projet de trois performances étalées sur plus de deux années, construites en collaboration avec des acteurs.rices artistiques du milieu toulousain. À travers ces différents projets de création, il cherche à développer son propre langage et s’inscrit dans les nouvelles recherches d’un théâtre musical performatif.

La Compagnie ERANOS est une compagnie vocale et instrumentale toulousaine fondée en 2019 née de la fusion récente du Collectif La Mandorle et de l’Ensemble Momentum. Elle est co-dirigée par Laurie Paumelle et Florian Paichard. Ce projet est le fruit d’une volonté profonde d’explorer et de partager le patrimoine ancien (musical, littéraire, …) en lui insufflant un regard nouveau et engagé.
À travers ces programmes et projets qu’elle souhaite audacieux, Eranos explore la forme du concert en s’inspirant des approches présentes dans le spectacle vivant et les arts contemporains. Musicalement, elle sillonne entre tradition orale et écrite, entre invention et interprétation, entre culture classique et instincts contemporains.
 La compagnie développe des projets à géométrie variable et n’hésite pas à faire appel à des artistes issu.e.s d’autres disciplines artistiques dans le cadre de collaborations. Cette démarche permet d’offrir une diversité de propositions et de formes originales et pertinentes en cohérence avec sa ligne artistique.




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