Les z'OMNI


Louve


Un conte moderne par la compagnie les z'OMNI
D’après l’œuvre d’Angela Carter « Pierre et le loup »

Théâtre musical - création 2022

En résidence du 07 au 10 avril



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L'équipe


Mise en scène et interprétation :
Sophie Huby, Hélène Lafont, Aurore Lerat, Emmanuelle Lutgen
Création lumière : Amandine Gérome


Revisitez vos classiques!


Dans leurs spectacles, Les z’OMNI proposent de redécouvrir la littérature via une approche ludique et de défendre le texte tout en s’appropriant librement l’œuvre.
Elles aiment
transformer les mots en folie vocale.
Comédiennes et chanteuses, elles développent autant la polyphonie et la chanson poétique que le paysage sonore et l’improvisation vocale. Il s’agit d’offrir un voyage musical et littéraire, via des spectacles populaires. Par populaire, elles entendent l’accessibilité aux mots et aux mystères d’un récit.
C’est avec l’aspect musical et burlesque de leur travail que le décalage s’immisce dans l’écriture de l’auteur.trice et crée d’autres niveaux de lecture ; ou donne tout simplement accès aux profondeurs et à la complexité d’une écriture. Le texte résonne alors différemment aux oreilles du spectateur·trice.




Notes d’intentions


Le propre du conte est de se réinventer dans le jeu sans fin de la répétition et de la différence. Tout l’art de raconter une histoire consiste à raviver une mémoire collective. Le sens du conte est donc inséparable de sa ré-énonciation, invitant aux improvisations, variations, détours voire détournements. C’est ce qui nous a séduites dans l’écriture d’Angela Carter : cet art de l’adaptation et du détournement.

En réinventant « Pierre et le loup », Angela Carter nous propose une fable tout autre, où le héros est détrôné par une héroïne insaisissable ; où la métamorphose est une question centrale ; où le rite initiatique est nécessaire, où l’inconnu nous terrifie, où la liberté est la seule conclusion possible.

Avec « Louve », nous souhaitons recréer l’expérience archaïque du conte raconté au coin du feu : « Louve » ou la magie des voix dans la nuit.
Car « Louve » n’est qu’une silhouette à peine esquissée, une vision biaisée ne révélant qu’une dangereuse ambiguïté.

En partant de cette ambiguïté, nous souhaitons côtoyer notre animalité, questionner l’enfant sauvage et l’enfant domestique, évoquer ce décor énigmatique d’un village au pied des montagnes, en lisière de forêt. Car il s’agit toujours de cette frontière entre l’animal et l’humain, l’indompté et le civilisé. Et cette question qui nous traverse tous : qu’est-ce que la liberté ?

Car ce récit n’est autre qu’une ode à la liberté, une prise de conscience ou non du libre arbitre. L’histoire de ces deux enfants nous questionne sur pourquoi et comment s’affranchir des carcans. Peut-on se libérer totalement de nos sociétés, de nos cultures, de nos religions, de nos familles, humaines ou animales ?

Dans la lignée de notre travail artistique, nous explorerons la spatialisation du son et la mise en lumière du texte à travers nos digressions. Les mots de l’autrice et l’univers de la forêt nous offrent un imaginaire propice à la création musicale et aux paysages sonores. Mais aussi au décalage, souvent burlesque, qui nous est si cher.

S’amuser de tout est en effet une marque de fabrique de la compagnie dès sa création. La distance induite par la création collective nous amène souvent à l’autodérision. De ruptures en contre-points, l’humour devient alors un outil supplémentaire à notre intelligence rythmique du plateau.

A quatre voix une grande palette de nuances vocales s’offre à nous. De la mélodie sauvage au chant liturgique, du cri à la prière, du râle à la psalmodie... tous les jeux possibles avec les mots et leurs sons seront sillonnés. Le son comme vibration, la vibration comme vecteur d’émotions.

Nous souhaitons installer une complicité avec les spectateurs, un instant privé, secret, en adresse public ; quel que soit l’espace de jeu, la distance s’efface et fait de nous des voix qui racontent et rassurent, qui hantent et effraient, qui fabriquent du théâtre à gorges déployées.

Espace et scénographie


Une esthétique épurée, un plateau nu qui évoluera à vue. Le principal élément de scénographie sera la lumière. La lumière comme partenaire. Une partenaire tout en nuance, jouant avec les ambiances : l’atmosphère intime et feutrée de veillée contée, l’univers éclatant et lumineux du lyrisme mystique, l’effrayante obscurité des bois...

Chants, musiques et paysages sonores


Parmi nos multiples digressions vocales, nous explorons plusieurs nouveautés pour ce prochain spectacle, comme le Külning, un chant scandinave ancien. Traditionnellement féminin, le Külning est utilisé par les bergères pour appeler les troupeaux. Il est sans parole, uniquement composé de syllabes aigües afin de propager le son à longue distance. L’étrangeté de ce chant réside dans le mouvement mélodique descendant et l’utilisation de demi-tons et quart de tons (musique modale).

Nous travaillons également le chant liturgique avec une composition d’Hildegarde von Bingen, une abbesse du XIIème siècle. Cette femme est reconnue comme un trésor de sagesse, et pour nous elle est une source d’inspiration infinie ; à la fois compositrice, poétesse et guérisseuse, elle fut canonisée par le pape et nommée Docteur de l’Eglise en 2012.
Et bien sûr il y aura des musiques pour bêtes sauvages, des chants de loup, et autres paysages sonores tirés de l’univers de la forêt...

Références et inspirations


Il va de soi que le « Pierre et le loup » de Prokofiev est un point de départ mais après analyse de l’œuvre de Carter, nous puisons principalement nos recherches dans les contes traditionnels initiatiques et également dans les mythes originels où la figure de la louve y est riche et variée. L’enfant-sauvage est aussi un axe de recherche privilégié tant sur le plan historique que symbolique.


Le texte Pierre et le Loup


Le « Pierre et le loup » d’Angela Carter nous plonge dans l’histoire d’une enfant disparue et élevée par les loups dès sa naissance. Sept ans plus tard, Pierre, son cousin, retrouve sa trace dans la forêt. La famille décide alors de récupérer cette enfant sauvage.

Mais cette capture ne se fait pas sans mal, la grand-mère est blessée, la maison ravagée et le village terrifié par l’arrivée des loups venus reprendre leur enfant adoptif. La meute repart avec la sienne et la famille ne peut qu e se soumettre à abandonner l’enfant devenue louve.

La grand-mère meurt des suites de sa blessure et de cet abandon. Pierre porte alors toute la culpabilité de cette mort, persuadé qu’elle serait toujours en vie s’il n’avait pas retrouvé la trace de sa cousine. Il trouve refuge dans la religion. Une passion impérieuse pour l’expiation le consume jusqu’à son adolescence, où lors d’une ultime rencontre avec sa cousine louve, il se libère de ses craintes et de sa culpabilité.

Le « Pierre et le loup » de Sergueï Prokofiev est un conte musical pour enfants. Cette œuvre fut écrite pour un petit orchestre symphonique où le caractère spécifique de chaque instrument décrit le tempérament et les particularités des personnages. On retrouve dans toutes ses adaptations, les thèmes de la peur, de l’initiation, de la culpabilité, de la liberté... mais la version d’Angela Carter n’a rien d’un conte pour enfants.

En revanche on peut deviner dans son écriture la volonté de conserver l’aspect musical de l’œuvre originale. Le champ lexical du son est riche et varié, le rythme de l’autrice invite souvent à la pause musicale ou au contraire à la course effrénée du temps qui passe.


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