JEUDI 21, VENDREDI 22 & SAMEDI 23 AVRIL // 21H00


Compagnie Oui Bizarre // La Cave


D’après LA CAVE, un retrait de Thomas Bernhard © 1976 Residenz Verlag GmbH, Salzburg-Wien Traduction française d’Albert Kohn © Editions Gallimard

Durée du spectacle : 1h10
Tout public à partir de 13 ans



Capture d’écran 2021-11-18 à 10.12.23

« Partir dans la direction opposée »

« Partir dans la direction opposée » à celle qu'il a prise, comme chaque jour pour se rendre au lycée, voilà ce que décide soudain Thomas Bernhard à 15 ans. Ce demi-tour décidera de toute sa vie. Il ne le regrettera jamais. Pourtant les conditions sont dures dans la cave de M Podlaha, le magasin d'alimentation où il a trouvé une place d'apprenti. Aucun travail ne le rebute. Et quelle clientèle ! Dans ce quartier que la ville tient à l'écart, c'est la misère, l'ivrognerie, le crime, le suicide.
Dans ce style bien particulier où la répétition de mots, de groupes de mots, développe comme un thème musical une pensée à la fois obsédée et obsédante, Thomas Bernhard raconte son adolescence, les siens, entassés à neuf dans trois pièces, et son goût pour la musique.

L'écriture romanesque de Thomas Bernhard dépasse de loin la qualité des œuvres dramatiques. On y entend la folie du rythme, le souffle de l'écriture qui lui est si propre, et la démesure. LA CAVE fait partie des cinq œuvres de jeunesse autobiographiques avec, UN ENFANT, LE SOUFFLE, L'ORIGINE et LE FROID. C'est un recueil qui m'a beaucoup marquée, depuis longtemps. Certaines phrases résonnent en moi et sont la source même de mon inspiration, dans mon travail de metteure en scène. Le plus fort et le plus frappant, est de savoir que cette phrase leitmotiv "Aller dans le sens opposé", qui ouvre le texte LA CAVE, est l'énergie de toute sa vie de créateur. Bernhard déroule une phrase infinie dans tous ses romans. C'est une colère salvatrice, qui régit toute son œuvre. - Isabelle Luccioni

Adaptation: Isabelle Luccioni & Jean-Marie Champagne
Mise en scène: Isabelle Luccioni
Interprétation: Jean-Marie Champagne
Musique: Auguste Harlé
Lumière & son: Amandine Gerome
Coproductions: Le Parvis, Scène Nationale (Tarbes, 65), L’Aria, Pôle de formation et d’éducation par la création théâtrale (Pioggiola, Haute-Corse), La Cave Poésie (Toulouse 31), avec le soutien du Théâtre Sorano (Toulouse, 31)

Capture d’écran 2021-11-18 à 10.11.33

ECRIRE LA VILLE
l'irritation libertaire - par TANGUY WUILLEME

L’œuvre de Thomas Bernhard constitue une exception à cette règle d’enjolivement poli de la ville.

ÉCRIRE LA VILLE prend chez lui alors la forme d’un acte d’accusation libertaire. Écrire la ville est également un moyen de lutter contre les falsifications qui y sont à l’œuvre : oubli de l’Histoire, destruction de toute créativité, marginalisation et annihilation de certains individus. Ce n’est plus une relation harmonieuse qui unit l’individu à sa ville, mais une violation perpétuelle avec laquelle l’individu va devoir vivre, sauf à condition d’exorciser, de se guérir ou de reconstruire de la relation autrement et ailleurs.

ÉCRIRE LA VILLE, dans le cas de Thomas Bernhard, contribue à apaiser des souffrances passées, à se constituer une identité personnelle capable de résister à toutes les falsifications historiques.

Dans LA CAVE (1976), le narrateur se réjouit de quitter l’école pour l’apprentissage. Il découvre, au contraire de Dostoïevski, le bonheur de travailler dans le sous-sol, d’appartenir au monde quotidien de ceux qui peinent. Il devient lui-même dans cette banlieue honnie des Salzbourgeois, aux rues qui n’ont pas même de noms, au quartier que l’on appelle déjà la « Cité » (de Scherzhauserfeld). Il sait que montrer la richesse de cette « Cité », qu’écrire sur elle dérange et qu’il apparaît comme un trouble-fête Se faire le neveu de soi-même, c’est accepter le soi résistant, parler en tant que témoin des soi offensés, engoncés dans leur carapace sociale. La conversation peut être généralisée et ouverte sur plus grand que soi. Ceux qui conversent à partir de leur « je » produisent un nouage avec le « nous », ils ne parlent pas « au nom » des autres (ou du peuple, etc.), ils sont les autres « moi ».


La compagnie Oui Bizarre

La compagnie Oui Bizarre a été créée en 1994. Le spectacle fondateur de la compagnie est une adaptation pour la scène du roman de Bohumil Hrabal Une trop bruyante solitude. Ce spectacle a été joué plus de 300 fois en France et à l’étranger (Suisse, Luxembourg, Belgique). Il a été diffusé durant 10 ans, et a été donné 2 fois au Festival d’Avignon. Suite à cette production, la compagnie s’est orientée vers la découverte des écritures contemporaines (Beckett, Sarraute, Bernhard, Massera, Cadiot, Copi), ainsi que l’adaptation à la scène d’écritures non dramatiques (Joyce, Hrabal, Les entretiens de Bram Van Velde). Depuis 2015, Oui Bizarre a créé Ulysse(s) d’après James Joyce,  spectacle solo (Isabelle Luccioni adaptation du texte, mise en scène, chanteuse, actrice) qui sera repris en mars 2018 au Théâtre Garonne à Toulouse. En 2017, Oui Bizarre a créé le spectacle Les quatre jumelles de Copi au théâtre Sorano de Toulouse. (co-production Théâtre Sorano/ théâtre Garonne). En décembre 2021 la compagnie créé le spectacle Et puis voici mon cœur, spectacle de théâtre musical.
Pour la saison 21/22, la compagnie propose une adaptation du roman de Thomas Bernhard
La Cave.


Suivre la compagnie sur Facebook