ÉCRITURE & VOIX
Isabelle Francoz

VIOLONCELLE
Charlotte Castellat


Note d’intention


Souvenirs du Cap d’Adge (bordel de mer) est naît à la suite à une invitation à performer dans la matrice #7 installée par le colectif PFFF à la Grainerie (Pôle des Arts du Cirque de Toulouse).

Mon envie était d’écrire autour de la nudité et des rapports de séduction.

Peu de temps avant, j’avais vu une photo prise avec un Polarïd par une amie. « Cela me rappelle le Cap d’Adge » a été ma première réaction. On y voit une barrière blanche sur un ciel étincelant. Quelques années encore avant, j’ai emménagé dans un appartement disposant d’un store ban beige orangé. Lors du printemps 2020, je me rappelle l’avoir baissé une journée très ensoleillée et entrevoir le ciel bleu entre la rambarde et le store. Aucune voiture ne circulait en cette période de confinement et je m’imaginais au bord de mer. Au Cap d’Agde. J’y ai passé plusieurs été d’enfance, ma mère adorait cet endroit. On retournait toujours au même hôtel, ou dans l’appartement d’une de ses amies.


J’ai très peu de souvenirs en réalité.
J’ai surtout la sensation de m’être énormément ennuyée. Et aussi celle d’être impressionnée. Impressionnée par la foule, les corps dénudés, le bruit incessant (les cris des joueurs de ballon, des parents grondant leurs enfants, des vendeur de chichis, des avions publicitaires, des jet ski au loin)

Au début de l’écriture du texte, je suis retournée chez mes parents et ai passé deux après-midi à farfouiller dans les photos, quelques classeurs numérotés par année et surtout des boîtes remplies anarchiquement de photos en tout genre. J’ai mis de côté et photographié toutes les photos de bord de mer que j’y ai trouvé avant de les remettre précisément dans leur boîte, bien qu’ils s’y trouvent sans raison. J’y ai trouvé de vieilles photos de jeunesse de ma mère puis des photos de moi (nous), enfants, puis adolescent, jusqu’à l’arrivée du premier appareil photo numérique dans la famille.

La question du corps est donc venue s’ancrer dans ce contexte très particulier de la plage et est venue se croiser avec la question du souvenir, de la mémoire.


Notes sur la création du texte


J’ai donc travaillé à partir de sensations, d’images, de souvenirs vécus mais aussi de souvenirs inventés, recomposés, appropriés au travers des photos de famille et d’images de séries télévisées, d’imaginaires collectifs.

J’ai visionné des extraits de journaux télévisés trouvés sur internet, notamment des archives de l’INA, mettant la plage à l’honneur et la séduction. Mon propre rapport à la séduction étant bien différent, je me suis laissée imprégnée de cette ambivalence entre une séduction fantasmée et la réalité de mon vécu.

Je fais des allers-retours entre moi et les autres, ce que j’imagine ou pense avoir observé des autres, cette ambigüité entre mon vécu et le désir de vivre l’altérité

Ainsi il y a une confusion entre la chambre, la baignoire et la plage, la mer. Comme un va- et-vient entre le soi et l’autre, l’intérieur et l’extérieur, l’intimité et l’exposition.

Le texte est écrit comme un poème-partition et sera mis à disposition après la performance en consultation libre à travers des livrets.


La compagnie Strate Inverse


Créée en 2021, la compagnie Strate Inverse souhaite impulser une écriture propre en s’appuyant sur une recherche poétique, musicale et rythmique. Son travail vise à explorer les couches de l’intime pour en faire un objet artistique, créer des univers et des images aux lectures multiples, jouer avec l’abstraction et l’indicible comme espace de projection.